Le mois de mars marque la transition tant attendue entre l’hiver et le printemps. Avec les premiers rayons de soleil qui réchauffent la terre et les journées qui s’allongent, l’envie de jardiner se fait irrésistible et le jardinier se voit déjà s’y affairer. C’est en effet le moment idéal pour préparer son extérieur, semer, tailler et nettoyer afin d’accueillir la belle saison dans les meilleures conditions. Pourtant, cette période charnière est aussi propice aux erreurs qui peuvent compromettre la floraison future et perturber l’équilibre du jardin. Entre une sélection inadaptée de plantes, un taillage malvenu ou des travaux prématurés qui nuisent à la biodiversité, certaines pratiques doivent donc être évitées au jardin en mars.
Pour réussir son jardin de printemps, mieux vaut connaître ces pièges et adopter les bons gestes dès maintenant. Voici les erreurs fatales pour vos plantations et récoltes à ne pas commettre en mars pour un jardin, un potager et/ou un verger éclatants dans les mois à venir.
1) Tailler les haies et arbustes sans précaution : interdit en mars au jardin

Le mois de mars marque le retour de l’activité dans le jardin et nombreux sont ceux qui souhaitent donner un coup de propre à leurs haies et arbustes. Cependant, cette période coïncide aussi avec le début de la nidification pour de nombreuses espèces d’oiseaux. En taillant drastiquement vos haies ou en élaguant vos arbustes, vous risquez donc de détruire des nids en construction, ce qui mettrait ainsi en péril la reproduction de ces auxiliaires précieux du jardin qui offrent notamment une régulation naturelle des insectes nuisibles et parasites. Outre l’impact écologique, la législation française protège en outre les oiseaux pendant cette période. Mieux vaut donc attendre la fin de la saison de reproduction, soit généralement fin juillet, avant d’entreprendre des travaux d’élagage importants.
Si une taille est nécessaire, il convient d’adopter une approche prudente. Une observation attentive permettra de repérer les éventuels nids en formation et d’adapter l’intervention en conséquence. Préférez également une taille douce qui favorise la croissance naturelle des arbustes sans perturber outre mesure leur écosystème. Pour vous occuper, vous pouvez en outre plutôt aménager vos espaces verts pour favoriser le retour des oiseaux plutôt que de tailler.
2) Tondre la pelouse trop court : la mauvaise habitude à perdre en mars

Après les rigueurs de l’hiver, la pelouse peut sembler terne et irrégulière. Nombreux sont les jardiniers qui souhaitent alors redonner un coup de frais en effectuant une tonte drastique dès l’arrivée des beaux jours. Pourtant, cette pratique peut considérablement fragiliser le gazon. Une coupe trop courte expose en effet les racines à des variations de température plus brutales et favorise l’installation de la mousse et des mauvaises herbes. De plus, après une période de dormance hivernale, l’herbe a besoin de temps pour reprendre de la vigueur avant d’être soumise à des tontes répétées.
Il est ainsi préférable de procéder progressivement. Une première coupe haute, à environ 6-8 cm, permet par exemple de stimuler la repousse sans trop traumatiser le gazon. Ensuite, au fil des semaines et des conditions météorologiques, il sera possible d’abaisser petit à petit la hauteur de tonte. En outre, il est recommandé d’aiguiser régulièrement les lames de la tondeuse afin d’éviter des coupes irrégulières qui pourraient endommager les brins d’herbe. Cette tonte bien pensée contribuera à un gazon dense et résistant en vue de la saison printanière.
3) Planter trop tôt des espèces sensibles au froid

L’arrivée du printemps donne envie de se lancer dans les plantations, mais la prudence est de mise. En mars, les gelées tardives sont encore fréquentes et peuvent anéantir en une seule nuit les jeunes plants trop précocement installés en pleine terre. Certaines espèces gélives, comme les tomates, les courgettes ou les basilics, ont notamment besoin de températures minimales constantes pour se développer correctement. Une mise en terre prématurée risque non seulement d’affaiblir leur croissance, mais aussi d’exposer les jeunes plants à des maladies liées au stress thermique. Il est donc préférable d’attendre que les risques de gelées soient écartés avant de planter ces espèces en extérieur ou de veiller à bien les choisir.
En attendant, on peut les démarrer sous serre, en intérieur ou sous châssis afin de leur offrir une croissance optimale avant leur transplantation définitive. Une alternative consiste à protéger les plantations avec des voiles d’hivernage ou des cloches qui apportent une protection thermique tout en laissant passer la lumière. La patience est souvent la meilleure alliée du jardinier : en respectant le bon calendrier, on maximise les chances d’une récolte abondante et en pleine santé.
4) Travailler un sol encore trop humide

À la sortie de l’hiver, le sol est souvent gorgé d’eau en raison des précipitations et du manque d’évaporation. Travailler une terre trop humide est une erreur fréquente qui peut avoir des conséquences désastreuses. En retournant un sol détrempé, on le compacte davantage, ce qui entrave la circulation de l’air et de l’eau, et asphyxie ainsi les racines des futures plantations. En effet, une terre compactée se draine mal et devient plus difficile à travailler par la suite.
Pour éviter ce problème, il est essentiel de tester l’état du sol avant d’intervenir. Une méthode simple consiste à prendre une poignée de terre et à la presser : si elle forme une boule compacte et collante, mieux vaut patienter quelques jours avant de la travailler. Lorsque le sol commence à s’assécher en surface, on peut alors procéder à un bêchage léger ou utiliser une grelinette qui aère la terre sans la retourner complètement. Respecter ces précautions favorisera un sol bien structuré et propice à la croissance des plantations printanières.
5) Arroser trop ou pas assez son jardin en mars

Le mois de mars marque la reprise de l’activité végétale et l’arrosage devient un sujet essentiel. Pourtant, il est fréquent de commettre des erreurs en voulant trop bien faire. Arroser excessivement à cette période peut entraîner une stagnation de l’eau et favoriser l’apparition de maladies fongiques comme l’oïdium ou le mildiou. À l’inverse, un arrosage insuffisant peut ralentir la reprise des jeunes plants et compromettre leur développement. Pour éviter ces écueils, il convient d’adopter un arrosage adapté aux besoins des plantes ET aux conditions météorologiques. L’idéal est d’arroser tôt le matin ou en fin de journée afin de limiter l’évaporation et de permettre aux racines d’absorber l’eau efficacement. De plus, privilégier un arrosage au pied plutôt que par aspersion limite le développement des maladies.
Enfin, le paillage est un allié précieux. En effet, en retenant l’humidité du sol, il permet d’espacer les arrosages et d’offrir aux plantes un environnement stable.
6) Négliger le désherbage précoce

Le début du printemps est une période stratégique pour contrôler les mauvaises herbes. Elles commencent en effet à s’y développer activement et si elles ne sont pas maîtrisées rapidement, elles risquent d’envahir les massifs et les cultures potagères. Une fois bien installées, elles risqueraient ensuite de priver vos précieux végétaux de ressources, de place et de nutriments essentiels pour leur pousse (sans compter qu’avec le liseron et autres, la situation peut vite devenir hors de contrôle !). En les arrachant dès mars, avant qu’elles ne montent en graines, on limite toutefois leur prolifération et on évite une tâche fastidieuse plus tard dans la saison. Le désherbage peut être effectué manuellement ou à l’aide d’outils adaptés comme la binette qui permet de couper les jeunes pousses avant qu’elles ne s’enracinent trop profondément.
Pour éviter leur repousse, vous pouvez là encore appliquer un paillage qui bloquera la lumière et empêchera la germination des adventices. Surtout, en prenant ces bonnes habitudes dès le mois de mars, vous vous assurerez un jardin plus propre et plus facile à entretenir tout au long de l’année.
7) Ne pas protéger les jeunes pousses et laisser les parasites proliférer

Vous êtes heureux de profiter de nouveau du jardin ? Malheureusement, les insectes indésirables aussi… Les premières pousses du printemps sont donc particulièrement vulnérables aux attaques de divers ravageurs, notamment les limaces, les escargots et certains insectes friands de feuillages tendres. Dès les premiers jours du printemps, certains parasites comme les pucerons, les aleurodes ou les cochenilles signent en outre eux aussi leur grand retour. Or, une infestation non contrôlée de ce type peut rapidement affecter les jeunes pousses qui risquent ainsi de finir grignotées avant même d’avoir eu le temps de se développer correctement. Dommage, non ?
Que faire pour protéger son jardin en mars face aux indésirables ?
Il est donc primordial de surveiller régulièrement l’état des plantes pour détecter les premiers signes de présence de ces nuisibles. Les feuilles recroquevillées, les dépôts collants ou les taches inhabituelles sont autant d’indices qui doivent alerter le jardinier.
Par ailleurs, pour protéger vos futurs plants et récoltes des limaces et escargots, plusieurs solutions naturelles existent : le paillage, les barrières de coquilles d’œufs broyées ou encore la cendre de bois. Pour lutter efficacement contre les autres parasites, il existe aussi des solutions naturelles et écologiques. Le purin d’ortie agit par exemple comme un répulsif tout en fortifiant les plantes et le savon noir dilué dans de l’eau permet de se débarrasser des pucerons en quelques applications. Installer des protections physiques, comme des cloches en plastique ou en verre, peut également limiter les dégâts et créer un microclimat favorable à la croissance des jeunes plants. De quoi faire un coup double !
En complément, il est évidemment plus que bénéfique de favoriser la biodiversité en prenant des mesures pour attirer des auxiliaires de jardin, comme les hérissons ou les carabes, qui se nourrissent des gastéropodes, ou en encourageant la présence de coccinelles et de chrysopes qui se nourrissent de nombreux insectes ravageurs. Misez ici sur l’aménagement de refuges naturels et la diversification des plantations qui permettent de créer un équilibre écologique qui limite naturellement les invasions. Une vigilance régulière et des interventions adaptées assureront ainsi la bonne reprise des cultures, le tout sans recourir à des traitements chimiques agressifs.
8) Oublier d’amender le sol du jardin en mars

Après l’hiver, la terre du jardin a perdu une partie de ses nutriments et a besoin d’être enrichie pour permettre une croissance vigoureuse des nouvelles plantations. Un sol appauvri donne en effet des plantes chétives et plus sensibles aux maladies… Tout ce qu’on ne veut pas ! Il est donc essentiel d’apporter de la matière organique sous forme de compost, de fumier bien décomposé ou encore de terreau enrichi. Ces apports améliorent la structure du sol, favorisent l’activité des micro-organismes et augmentent la rétention d’eau, ce qui est particulièrement bénéfique en période de sécheresse.
L’amendement ne doit cependant pas se faire au hasard. Chaque type de sol a ses spécificités et ses besoins : un sol sableux nécessitera des apports fréquents pour retenir l’humidité tandis qu’un sol argileux bénéficiera de matières organiques pour alléger sa structure. Un bon équilibre entre les nutriments et une fertilisation progressive permettent d’obtenir un sol vivant et productif, propice à une belle saison de jardinage.