Dans le huis clos d’un cabinet médical, face à la blouse blanche, il arrive que la vérité se dérobe. Par gêne, par peur du jugement ou simplement pour « améliorer » l’image que l’on donne, nombreux sont ceux qui mentent à leur médecin. Une consommation d’alcool minimisée, quelques cigarettes oubliées, un régime alimentaire enjolivé ou une activité physique exagérée… Ces petits arrangements avec la réalité semblent anodins, mais ils peuvent s’avérer dangereux. En masquant certains comportements ou habitudes, on fausse en effet le regard du professionnel de santé qui base ses diagnostics, conseils et prescriptions sur les informations que vous lui fournissez. Même bien intentionnés, ces mensonges compromettent donc la qualité du suivi médical. Or, les conséquences, parfois invisibles à court terme, peuvent devenir très concrètes sur le long terme.
Découvrez l’importance de rétablir un dialogue sincère non seulement avec votre médecin traitant, mais aussi avec le pharmacien et tout professionnel de santé que vous devez consulter.
Minimiser ou exagérer ses douleurs face au médecin : un piège aux conséquences multiples
La manière dont vous décrivez vos symptômes, et en particulier vos douleurs, influence directement la prise en charge que votre médecin généraliste ou spécialisé vous propose. Pourtant, nombreux sont les patients qui les minimisent par fierté, peur d’être perçus comme plaintifs ou pour ne pas “déranger”. D’autres peuvent à l’inverse les exagérer par inquiétude ou pour être pris plus au sérieux. Dans les deux cas, la subjectivité du récit fausse l’analyse.
Minimiser une douleur chronique ou localisée peut retarder un diagnostic sérieux, comme une inflammation, une infection ou un problème articulaire. Cela peut aussi conduire à l’arrêt prématuré d’un traitement pourtant nécessaire. À l’inverse, exagérer une gêne bénigne peut orienter le médecin vers des examens inutiles, voire vers une prescription médicamenteuse disproportionnée. Le corps a son langage et le médecin s’appuie sur ce que vous décrivez pour l’interpréter.
La précision est donc essentielle : localisation exacte, intensité, fréquence, facteurs déclenchants… Chaque détail compte. Adopter une posture honnête et mesurée permet non seulement de mieux cibler les causes du mal, mais aussi de mieux calibrer les soins. En travestissant vos ressentis, vous risquez de recevoir un traitement inadapté et de passer à côté d’un vrai soulagement.

Mentir sur sa consommation d’alcool ou de tabac : un risque sous-estimé
Lorsqu’un patient minimise sa consommation d’alcool ou omet de mentionner qu’il fume, il empêche le médecin de mesurer précisément les risques associés à son mode de vie. Ces deux facteurs influencent pourtant de nombreuses pathologies, qu’il s’agisse de maladies cardiovasculaires, hépatiques ou pulmonaires. Une consommation excessive d’alcool peut fausser les résultats d’analyses sanguines, tout comme le tabac modifie certains biomarqueurs.
En dissimulant ces habitudes, le patient prend donc le risque de recevoir un traitement inadapté ou de passer à côté d’un diagnostic important. Par ailleurs, le médecin pourrait prescrire des médicaments incompatibles avec l’alcool ou à l’effet amoindri chez un fumeur. Ne pas mentionner ces comportements revient à saboter son propre suivi médical.
Exagérer son hygiène de vie ou son activité physique fausse le diagnostic du médecin
Il est tentant d’affirmer que l’on mange « sainement » et que l’on pratique du sport trois fois par semaine. Pourtant, ces déclarations ont un poids réel dans la prise en charge médicale. Un médecin qui pense avoir affaire à un patient actif et équilibré peut négliger certains examens ou ajustements thérapeutiques.
Par exemple, une fatigue persistante sera interprétée différemment si le patient affirme manger correctement et faire du sport. Dans ce cas, le professionnel de santé pourrait chercher des causes organiques, alors que le vrai problème réside dans la sédentarité ou une alimentation carencée. De même, pour les pathologies métaboliques comme le diabète ou l’hypercholestérolémie, le mode de vie réel conditionne la stratégie de soin. Mentir, ici encore, revient à fausser la boussole du médecin.
Taire ses prises de compléments alimentaires ou de médicaments en vente libre
Autre zone grise souvent oubliée ou volontairement cachée : les produits consommés sans ordonnance. Qu’il s’agisse de compléments alimentaires, de plantes médicinales ou d’analgésiques achetés en pharmacie, chaque substance peut avoir un effet sur votre organisme et interagir avec d’autres traitements.
Certains compléments peuvent accentuer les effets d’un médicament, en neutraliser un autre ou générer des effets secondaires inattendus. Par exemple, le millepertuis, souvent utilisé pour les troubles de l’humeur, interfère avec de nombreux traitements, notamment la pilule contraceptive ou les anticoagulants. Taire ces prises expose à des réactions indésirables, voire à des dangers réels. C’est pourquoi il est essentiel d’en parler sans tabou.

Minimiser ou cacher le nombre de partenaires sexuels à son médecin
Dans le domaine de la santé sexuelle, la gêne pousse souvent à travestir la vérité. Certains minimisent le nombre de partenaires ou taisent des comportements à risque. Pourtant, ces éléments sont cruciaux pour évaluer le risque d’infections sexuellement transmissibles (IST) et adapter les examens à réaliser.
Le dépistage, les vaccins recommandés ou encore les traitements préventifs dépendent directement de ces informations. Mentir ou omettre certains détails peut retarder un diagnostic ou conduire à des complications évitables. Et dans ce contexte, ce n’est pas seulement la santé du patient qui est en jeu, mais aussi celle de ses partenaires.
Ignorer les troubles psychologiques ou les adoucir à l’extrême
Par peur d’être jugé ou par difficulté à mettre des mots sur son mal-être, on passe parfois sous silence l’anxiété, les troubles du sommeil ou les idées noires. Pourtant, ces symptômes méritent d’être pris au sérieux. Un médecin ne pourra pas proposer une aide adaptée s’il ne connaît pas la réalité de l’état psychologique du patient.
Cela vaut aussi pour les troubles de l’humeur qui peuvent impacter d’autres aspects de la santé, comme l’appétit, le poids, le sommeil ou la motivation à suivre un traitement. En cachant ces aspects, on rend plus difficile la compréhension globale de son état de santé. Une prise en charge complète nécessite une transparence émotionnelle, aussi délicate soit-elle à exprimer.
Pourquoi ment-on à son médecin… et pourquoi cela ne sert à rien
Les raisons de ces mensonges sont multiples : peur d’être jugé, désir de plaire, honte ou encore volonté de garder le contrôle. Pourtant, le cabinet médical est censé être un espace de confiance où la confidentialité est garantie. Le médecin n’est pas là pour juger, mais pour aider. Chaque information omise ou modifiée rend son travail plus complexe, moins efficace et pousse parfois vers des erreurs involontaires.
En réalité, ce besoin de travestir la vérité trahit souvent une difficulté à accepter certains comportements ou à affronter leur impact. Néanmoins, ce déni temporaire a un coût. Il réduit les chances de bénéficier d’un accompagnement pertinent, retarde certains diagnostics et peut même aggraver des situations que l’on pensait contrôler.
Votre médecin vous croit… mais votre corps, lui, ne ment jamais. Finalement, dire la vérité à son médecin, c’est faire preuve de courage et surtout de lucidité. C’est un acte de soin envers soi-même.