Chaque individu métabolise les médicaments différemment. À ce simple paramètre s’ajoutent aussi l’âge des patients et leur physiologie qui évoluent. Comme l’explique l’Assurance Maladie : « l’organisme vieillit et certaines fonctions importantes du corps se modifient, comme l’élimination de certains médicaments par les reins ou des toxines par le foie. Cela peut avoir des conséquences sur l’efficacité d’un traitement, mais aussi sur la tolérance et la toxicité des médicaments ». Ainsi, si les médicaments sont déjà connus pour avoir des effets secondaires, ils peuvent s’avérer particulièrement indésirables chez certains patients. Chez les plus de soixante ans, ce type de risque se constate principalement au niveau de cinq classes de médicaments bien distinctes.
Rappelons évidemment qu’il est déconseillé d’adapter ou arrêter son traitement sans un avis médical. Si votre prescription vous questionne, parlez-en sans tarder avec votre pharmacien ou un professionnel de santé et faites un bilan pour réévaluer l’utilité de vos traitements. Cela permettra assurément de vous rassurer et/ou vous éclairer.
1) Les anti-inflammatoires, des médicaments à utiliser intelligemment à partir de 60 ans
Ibuprofène, kétoprofène, diclofénac… Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont très utilisés chez les plus de soixante ans qui sont très exposés aux douleurs chroniques et nécessitent donc l’assistance d’antalgiques au quotidien. Toutefois, ces antidouleurs disponibles sans ordonnance sont notamment associés à des troubles digestifs ainsi qu’à des risques d’ulcères gastroduodénaux et d’hémorragie digestive chez leurs utilisateurs plus âgés. Ils peuvent par ailleurs faire grimper leur pression artérielle.
C’est la raison pour laquelle il est généralement conseillé de privilégier les antalgiques associés à moins de risques pour peu que l’on respecte la posologie conseillée. C’est notamment le cas du paracétamol. En cas de prescription d’un AINS, votre médecin s’assurera de surveiller votre pression artérielle. À cette mesure peut être associée la prise d’un antiacide pour protéger votre tube digestif.
2) Les médicaments contre l’hypertension après 60 ans
Lors de la prise d’antihypertenseurs, il est essentiel d’assurer une surveillance de la pression artérielle tant en position assise et debout. Et cette mesure n’a pas pour intérêt que de s’assurer de leur bonne efficacité ! En effet, chez les patients plus âgés, la prise de ce type de médication peut parfois entraîner une hypotension orthostatique. Cela se caractérise notamment par une baisse très significative de la tension lorsque l’on se lève. Il peut alors arriver que l’on ressente des vertiges et/ou une perte d’équilibre. Résultat : le risque de chute et de fracture est très élevé.
3) Les anticoagulants, attention à la balance bénéfice/risque
Prescrits couramment en cas d’immobilisation suite à une opération, en cas de trouble du rythme cardiaque ou encore dans le cas de caillots sanguins, les anticoagulants ne sont pas sans risque. Il est en effet à noter que les comprimés à base de warfarine sont associés à un risque accru d’hémorragie. Or, à partir de 65 ans, plus d’une personne sur trois subit au moins une chute par an. Les risques de saignements importants sont alors avérés. Il convient donc d’en discuter avec votre médecin traitant afin d’établir la balance bénéfice/risque d’un tel traitement dans votre situation.
4) Les médicaments diurétiques
Les seniors sont plus particulièrement exposés aux risques d’hypokaliémie (la perte de potassium) liée à la prise de diurétiques, notamment dans le cadre d’un traitement contre l’hypertension artérielle. Les thiazidiques (hydrochlorothiazide ou chlorthalidone) présentent moins de risque, mais il est également possible d’avoir recours à une kaliémie (la mesure du taux de potassium dans le sang) pour un bon suivi de ce type de traitement.
5) Les hypnotiques, oui, mais à quelques conditions
Il n’est pas rare de se voir prescrire des hypnotiques tels que le zolpidem, l’eszopiclone ou le zaleplon contre les insomnies. Toutefois, après 60 ans, le risque de troubles cognitifs, de confusion, de chutes et de fractures est plus élevé. C’est la raison pour laquelle leur prise doit se faire sur une courte durée. Si les troubles du sommeil s’installent sur la durée, trouver des alternatives s’impose. Cela peut passer notamment par des mesures pour améliorer son hygiène de sommeil. On peut également essayer une thérapie cognitivo-comportementale si cela est nécessaire.
D’après une étude menée par 60 millions de consommateurs, près de 40 000 seniors de plus de 70 ans consomment plus de dix médicaments par jour. C’est un chiffre alarmant quand on considère que la surmédication démarre dès la prise de sept cachets. Pour ce public vulnérable plus que d’autres, la surveillance du traitement est donc essentielle au quotidien. Rappelons à ce titre que l’automédication est déconseillée même pour les maladies bénignes. Par ailleurs, l’utilisation d’un pilulier est conseillée pour limiter les oublis tout comme les erreurs de dosages.