S’il y a bien une chose que beaucoup de personnes détestent en automne, c’est bien le ramassage des feuilles mortes issues des arbres et arbustes… Quand il n’y en a plus, il y en a encore ! En plus, si on laisse traîner, ces déchets de jardin se transforment en humus ou en patinoire… Heureusement, on peut trouver un peu de positif dans la réalisation de cette corvée en se rappelant qu’à l’instar des mauvaises herbes qui peuvent s’avérer utiles, il existe de nombreuses astuces à réaliser avec ces feuilles et notamment en se lançant dans la préparation du terreau de feuilles mortes. Eh oui ! toutes ces belles feuilles d’un beau rouge flamboyant ou orange chaud qui nous agacent une fois tombées peuvent devenir de vraies alliées du jardinier. Voici comment préparer ce super terreau pour utiliser ces déchets verts intelligemment dans les plantations du potager ou du jardin.
Et surtout, n’oubliez pas de mettre aussi à contribution les feuilles mortes coincées dans la gouttière.
Quels sont les avantages du terreau de feuilles mortes ?
Tout d’abord, sachez que ce terreau est excellent pour alléger les sols compacts. En effet, il est très aéré et fin, ce qui lui permet de rectifier les sols les plus “mastoc”. Avec son apport pauvre en éléments nutritifs, c’est un amendement organique léger et humifère parfait pour faire un substrat pour ses semis et ses boutures. Et bien sûr, vu que vous ramassez toute la matière première dans votre jardin, ce terreau a évidemment l’avantage d’être gratuit ! En l’utilisant ainsi, vous vous évitez aussi un tour à la déchetterie. Enfin, notez que 4m3 de feuilles vous donneront environ 1m3 de terreau. Plutôt pas mal !
Les bienfaits écologiques et économiques de cette pratique
Recycler les feuilles mortes pour en faire du terreau est une démarche à la fois économique et écologique. En réutilisant ces déchets naturels, vous réduisez considérablement la quantité de déchets verts à transporter à la déchetterie, ce qui contribue ainsi à limiter les émissions de CO2 liées à leur traitement. De plus, cette pratique diminue la nécessité d’acheter des amendements ou engrais souvent coûteux et industriels. En fabriquant vous-même un terreau riche en matière organique, vous optez surtout pour une solution 100 % naturelle qui améliore la structure des sols tout en soutenant la biodiversité microbienne. Cela encourage également une approche durable du jardinage où chaque ressource disponible est valorisée au lieu d’être jetée.
Utilisations concrètes du terreau de feuilles mortes
Le terreau de feuilles est particulièrement apprécié pour les semis et les boutures, car il est léger et aéré. Il favorise une bonne germination sans être trop riche en nutriments, ce qui pourrait brûler les jeunes plants. Ce type de terreau est également très utile pour alléger les sols lourds et compacts, notamment dans le potager, en améliorant leur structure et leur drainage. Enfin, il peut servir comme un amendement dans les massifs de fleurs ou pour les plantes en pots où il aide à maintenir une bonne aération des racines tout en favorisant la rétention d’humidité. Son utilisation contribue dans tous les cas à maintenir un sol équilibré, propice à la croissance des plantes.
Quelles feuilles mortes utiliser pour obtenir ce terreau ?
Bien sûr, il vaut mieux éviter de mettre des feuilles atteintes de maladies cryptogamiques (marsonia, oïdium, tavelure, rouille grillagée…). En effet, on ne veut pas que les spores prolifèrent dans le terreau et contamine les futurs plants. En outre, évitez de contaminer vos futures récoltes avec des parasites nuisibles comme la chenille Cameraria ohridella qui hiverne dans les feuilles mortes. Dernière chose, n’y glissez pas des aiguilles de résineux ou des feuilles de noyer dont le tanin est trop nocif.
Sinon, vous êtes assez libre de mettre les feuilles d’arbres caduques que vous voulez. L’idéal serait qu’elles soient sèches ou humides, mais pas mouillées : c’est toujours un plus ! Sinon, notez que les feuilles épaisses et coriaces ont une décomposition plus longue et alourdissent inutilement le broyat. Alors pour le platane, le laurier, le chêne ou le hêtre, on n’hésite pas à donner un coup de broyeur à ce tas de feuilles mortes. Utiliser des feuilles broyées va faciliter le travail.
Bon à savoir : Si quelques résidus de tonte de gazon s’y invitent, ne vous inquiétez pas. Riches en azote, les brins d’herbe permettront de faciliter la décomposition des feuilles.
Place à la fabrication étape par étape du terreau de feuilles mortes !
Choisissez votre mode de préparation
Commencez par lui trouver un coin ombragé. Il faut ensuite choisir entre deux méthodes :
1) Remplir des grands sacs poubelle troués avec les feuilles et du bon compost puis fermer hermétiquement. Si vous optez pour des sacs troués, assurez-vous que l’air circule bien et que les feuilles restent légèrement humides. Vaporisez un peu d’eau si elles deviennent trop sèches, surtout en période de chaleur.
2) Utiliser un bac pour y glisser les feuilles bien humides et couvrir d’une couche de terre ou de terreau de feuilles de l’année dernière. Cela apportera des micro-organismes pour ensemencer le terreau. Ici, n’hésitez pas à alterner les couches de feuilles avec des matières plus riches en azote (comme de l’herbe coupée ou des épluchures de légumes) et à aérer et humidifier régulièrement le terreau.
Retourner le compost tous les six mois et le garder légèrement humide
Quelle que soit la méthode choisie (sac ou bac), il est essentiel de retourner le tas tous les six mois pour aérer la décomposition et éviter que les feuilles ne se tassent ou ne pourrissent. Une décomposition lente et mal aérée peut alors entraîner des odeurs désagréables. Un retournement régulier aide aussi à maintenir un bon équilibre entre oxygène et humidité.
Enfin, si vous remarquez que votre tas de feuilles semble trop sec, humidifiez-le légèrement, mais sans excès pour éviter que les feuilles ne se transforment en une masse détrempée. L’ajout ponctuel de compost mature ou de purin d’ortie peut également accélérer le processus.
Un peu d’attente sera ensuite nécessaire
Après un an, votre terreau de feuilles aura déjà bien mûri. Le mieux serait néanmoins de lui laisser encore quelques mois de plus, voire deux ans pour qu’il soit au top de sa qualité. Cependant, vous pouvez aussi accélérer le processus en apportant de l’azote à ses feuilles riches en carbone. Par exemple, vous pouvez ajouter de l’ortie fraîche sans graines. Sinon, utilisez le purin d’ortie ou de consoude.
Derniers conseils pour bien réussir son terreau
Pour garantir une bonne décomposition des feuilles et obtenir un terreau de qualité, quelques soins supplémentaires peuvent s’avérer nécessaires. Cela passe avant tout par un bon suivi de l’humidité, de l’aération et des proportions pour garantir un terreau de qualité. Plusieurs problèmes peuvent en effet survenir lors de la préparation du terreau de feuilles mortes, mais ils sont facilement évitables avec quelques précautions.
Un souci fréquent est par exemple le développement d’une décomposition trop lente. Cela peut être dû à un mauvais équilibre entre carbone et azote. Les feuilles étant riches en carbone, il est essentiel d’ajouter des matières plus azotées (comme des tontes de gazon) pour accélérer le processus.
Si le tas de feuilles pourrit trop rapidement ou dégage de mauvaises odeurs, cela indique généralement un manque d’oxygène. Dans ce cas, il est important d’aérer régulièrement en retournant le tas pour favoriser la circulation de l’air.
Les feuilles trop mouillées peuvent également poser problème : elles risquent de se coller et de bloquer la circulation de l’air, retardant la décomposition. Pour remédier à cela, surveillez l’humidité et n’hésitez pas à mélanger des matières plus sèches si nécessaire.
Enfin, les feuilles coriaces (comme celles de chêne ou de platane) peuvent ralentir la décomposition. Dans ce cas, il est conseillé de les broyer avant de les ajouter pour faciliter le processus.