Ce rituel trop souvent négligé serait la clé d’un moral au beau fixe, selon les experts en santé mentale

À l’approche des frimas et des jours plus courts, qui n’aspire pas à réchauffer son moral ? Pourtant, un geste tendre et simple, souvent relégué au second plan, pourrait bien être la source insoupçonnée d’une bonne humeur durable. Et si la clé du bien-être résidait dans un rituel que nos agendas, nos habitudes et parfois la pudeur, nous poussent à oublier ?

Le câlin, ce geste universel qui parle à nos émotions

Quoi de plus naturel que de se serrer dans les bras, surtout quand la grisaille s’invite ou que l’on ressent le besoin de réconfort ? Depuis la naissance, le corps humain réclame ce contact, véritable langage non verbal aux multiples vertus. Le câlin n’est pas qu’une marque d’affection ; il est aussi un ciment social, né d’un réflexe vital aussi vieux que l’humanité.

Chez le nourrisson, le besoin d’être pris dans les bras, bercé, choyé, façonne le développement émotionnel. Plus tard, dans l’enfance puis à l’adolescence et à l’âge adulte, le contact physique garde une place centrale, même si l’on s’efforce parfois de le mettre à distance. L’étreinte apaise, rassure, et crée une passerelle invisible entre les êtres.

C’est aussi lorsqu’il est spontané que le câlin exprime toute sa force : il rassure un enfant effrayé, console une amie en peine, scelle l’affection entre proches. Loin d’être anodin, il s’impose dès lors comme une véritable déclaration silencieuse.

Ce qui se passe dans notre cerveau pendant un câlin

Impossible de parler câlins sans évoquer la vraie star de cette histoire : l’ocytocine, surnommée “hormone du bonheur”. À chaque étreinte digne de ce nom, notre cerveau sécrète ce messager chimique d’exception qui circule dans tout l’organisme. L’ocytocine favorise détente, confiance, sensation de bien-être, un effet que vient renforcer la dopamine, reliée à la récompense, et la sérotonine, alliée de la stabilité émotionnelle.

Ce trio gagnant agit en synergie pour reléguer au second plan les pensées anxieuses et la morosité. Résultat : même au cœur de l’hiver, l’humeur résiste mieux, le stress s’estompe progressivement, et la fatigue mentale s’en trouve adoucie. Le câlin agirait donc comme un pansement sur l’âme : invisible, mais diablement efficace.

À noter que ces effets bénéfiques ne se limitent pas à l’instant de l’étreinte : ils perdurent, et, cumulés, ils redonnent de la couleur aux moments parfois ternis par les contrariétés quotidiennes.

Pourquoi néglige-t-on les câlins à l’âge adulte ?

Drôle de paradoxe : à l’heure où l’on n’a jamais été aussi connectés – applications, réseaux sociaux, appels vidéo –, le contact concret, lui, devient rare. L’urbanisation, la rapidité du rythme de vie, l’individualisme croissant, tout concourt à installer une sorte de distance invisible entre les personnes, même sous un même toit. Il n’y a qu’à observer un quai de métro francilien ou la salle d’attente d’un cabinet médical : chacun dans sa bulle, téléphone à la main.

Au-delà de la course du quotidien, il existe aussi un certain embarras, voire une gêne, à proposer un câlin, surtout entre adultes : peur d’en faire trop, crainte d’être envahissant, différences culturelles… Les codes sociaux ne valorisent pas toujours l’expression de la tendresse physique hors du cercle familial le plus restreint. Dommage, car, sous couvert de retenue, on se prive souvent d’un formidable stimulant pour l’humeur.

Quand les câlins réparent les maux invisibles

Il suffit parfois d’un contact pour balayer le spleen ou la lassitude passagère. Un câlin bienvenu aide à relâcher la pression accumulée, à faire fondre l’anxiété, voire à alléger cette sensation de vide qui caractérise les périodes de déprime. Dans certaines familles, quelques instants d’étreinte font office de véritable rituel du soir, réconciliant petits et grands avec eux-mêmes et avec les autres. La tendresse prodigue une force tranquille : sans bruit, elle restaure la confiance en soi.

Le câlin est aussi un formidable ciment relationnel. Entre amis, partenaires, frères et sœurs, il console, félicite, réchauffe, sans parfois avoir besoin de mots. Lorsque la conversation s’essouffle ou que les épreuves se succèdent, renouer par ce geste simple, c’est maintenir vivace le lien social et affectif.

Oser aller vers l’autre : comment créer une routine câlin au quotidien

Se faire une place pour plus de câlins, même quand on manque de temps, c’est possible. Quelques astuces toutes simples facilitent l’intégration de ce rituel dans la trame des journées : serrer ses proches dans les bras le matin, échanger une étreinte avant un départ, glisser une accolade lors des retrouvailles, instaurer un moment dédié au contact en famille, y compris entre frères et sœurs, parents, grands-parents ou amis.

Il s’agit aussi de respecter les envies et les limites de chacun. Tout le monde n’a pas la même appétence au contact physique, ni au même moment. L’essentiel est de rester à l’écoute, d’oser demander, et de ne pas forcer. Parfois, un simple regard, une main sur l’épaule, valent déjà beaucoup.

Et si on réapprenait le contact ?

Le retour des câlins dans notre quotidien peut transformer considérablement l’ambiance familiale. En instaurant ce rituel, les tensions s’apaisent, les liens se consolident et les journées démarrent souvent sur une note plus positive. Ces gestes d’affection, remis à l’honneur, permettent de traverser ensemble les moments difficiles et de faire face aux épreuves avec plus de résilience.

Pour celles et ceux qui souhaitent multiplier les occasions de ressentir les effets de l’ocytocine sans forcément multiplier les étreintes, d’autres approches peuvent être envisagées : moments partagés avec un animal de compagnie, massages, méditation, exercices de respiration en groupe, ou toute activité collective qui favorise la chaleur humaine et le sentiment d’appartenance.

Ce que la science et la tendresse nous apprennent pour demain

Revaloriser le câlin, c’est choisir d’agir, à portée de bras, sur sa santé mentale : baisse du stress, meilleure humeur, confiance renforcée, relations améliorées. Autant d’atouts pour traverser l’automne et ses soirées qui s’étirent, mais aussi toutes les périodes où la morosité menace. Prendre le temps de renouer avec ce réflexe du câlin, c’est aussi s’ouvrir à un éventail de petits bonheurs simples et accessibles à toutes les générations.

Commencer ou terminer sa journée par un câlin, c’est plus qu’un automatisme attendrissant : c’est une routine de bien-être à part entière. À chacun de trouver la forme de contact qui lui convient, de multiplier les gestes tendres dans son cercle proche, et de transmettre ce goût du lien aux enfants comme aux adultes, pour faire de la tendresse un enjeu à cultiver.

Dans un monde où la frénésie quotidienne empiète parfois sur l’essentiel, rappelons-nous que notre cerveau adore l’ocytocine, et qu’il suffit d’une étreinte sincère pour raviver notre lumière intérieure. Une poignée de secondes, un geste authentique… et tout peut changer. Alors, qui osera, ce soir, réchauffer l’automne d’un bon vieux câlin ?

Tristan

Écrit par Tristan