Des fruits et légumes chez Gifi ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’enseigne spécialisée dans la décoration et les petits prix élargit son offre en testant la vente de paniers de produits frais. L’opération, lancée depuis le 19 mars dans une sélection de magasins, vise à séduire les clients avec une promesse triple : prix attractifs, lutte contre le gaspillage alimentaire et consommation plus responsable. Chaque mercredi, des paniers de 4,5 kg minimum sont proposés à 5,99 €, en partenariat avec un grossiste breton. Cette initiative qui intervient dans un contexte difficile pour Gifi, fragilisé par une concurrence féroce et une situation financière délicate. Reste à savoir si cette nouvelle formule séduira durablement… et sera généralisée.
Une nouvelle offre chez Gifi en partenariat
Depuis le 19 mars, 22 magasins Gifi en France proposent des paniers de fruits et légumes “antigaspi” à petit prix, au cœur même de leurs rayons déco et maison. Chaque panier, vendu 5,99 € pour un poids minimum de 4,5 kg, est constitué de produits parfaitement comestibles mais écartés du circuit classique à cause de leur apparence atypique : trop petits, déformés ou jugés “moches”.
Pour mener à bien cette expérimentation, l’enseigne a noué un partenariat avec Finisterestes29, un grossiste breton engagé dans la récupération de denrées invendues. Chaque année, ce dernier sauve environ 200 tonnes de produits agricoles rejetés par la grande distribution. Le principe est simple : collecter les fruits et légumes chez les producteurs locaux, les regrouper en paniers familiaux et les écouler via des réseaux alternatifs, en l’occurrence Gifi.
Cette offre ne vise pas seulement à proposer un bon plan aux consommateurs. Elle s’inscrit aussi dans une dynamique de consommation plus éthique et de réduction du gaspillage alimentaire, un enjeu de plus en plus présent dans les habitudes d’achat.
Pourquoi l’enseigne se lance
Ce tournant stratégique ne tombe pas du ciel. Depuis plusieurs mois, Gifi traverse une passe délicate. L’enseigne, qui compte plus de 600 magasins en France, a frôlé la cession pure et simple de ses points de vente en raison de pertes estimées à plus de 40 millions d’euros. La faute à une panne informatique majeure en 2023 et à une concurrence féroce venue d’acteurs comme Action ou de plateformes internationales comme Temu.
Face à cette pression, la marque fondée par Philippe Ginestet a dû amorcer un virage. Celui-ci a d’ailleurs quitté la direction opérationnelle pour confier les rênes à Philippe Brochard, ancien dirigeant d’Auchan France. Ce dernier est chargé de piloter une transformation en profondeur de l’offre, avec l’objectif clair de ramener les clients en magasin et de diversifier les sources de revenus.
La vente de paniers frais peut paraître surprenante dans un univers dédié aux bougies, coussins et meubles en kit. Pourtant, ce type de stratégie pourrait bien casser les routines d’achat, susciter la curiosité et renforcer la fidélité des clients. En ajoutant une dimension alimentaire à son concept de “bazar malin”, Gifi joue la carte du renouveau.
Est-ce que cela vaut le coup et est-ce partout ?
Le test semble prometteur. Dans certains points de vente comme à Beauvais, les paniers partent comme des petits pains : 120 ont été vendus en une semaine selon les équipes en magasin. Un démarrage encourageant qui montre que les clients sont prêts à tenter l’expérience, d’autant plus que le rapport qualité-prix est imbattable.
En revanche, l’opération reste pour l’instant limitée. Seuls 22 points de vente participent à l’expérimentation, principalement dans le Grand Ouest et le Sud-Ouest de la France. Les paniers ne sont en outre proposés qu’une fois par semaine, le mercredi, ce qui restreint l’accès pour une partie des clients.
Aucune annonce officielle n’a encore été faite sur une éventuelle généralisation de cette offre à l’ensemble des magasins. L’enseigne souhaite probablement mesurer l’impact de l’opération avant d’envisager une extension. Le contexte économique reste fragile, et la stratégie de redressement doit encore faire ses preuves.
Ce qui est certain, c’est que Gifi tente une nouvelle approche. Et si vendre des pommes entre deux photophores permet de sauver l’enseigne, les consommateurs pourraient bien y trouver aussi leur compte. Un bon plan pour les uns, une bouffée d’oxygène pour les autres.
