Elles trônent fièrement sur les étagères, décorent les salons, apportent une touche de vert dans les bureaux et sont surtout censées purifier l’air que vous respirez. Pourtant, derrière cette promesse séduisante se cache une idée largement surévaluée. Depuis les années 1990, certaines plantes d’intérieur bénéficient d’une réputation de “dépolluantes”, notamment grâce à une célèbre étude menée dans des conditions de laboratoire. Or, en situation réelle, ces plantes n’ont qu’un impact infime sur la qualité de l’air ambiant. Il ne s’agit pas de les bannir de vos intérieurs, mais de comprendre que leur pouvoir est plus décoratif que purificateur. Et que pour respirer un air sain chez vous, mieux vaut miser sur des gestes simples plutôt que sur de fausses croyances.
Des études séduisantes sur les plantes dépolluantes, mais trompeuses
C’est une étude menée par la NASA à la fin des années 1980 qui a lancé la vague verte. Elle montrait que certaines plantes pouvaient absorber des composés organiques volatils (COV) comme le benzène ou le formaldéhyde. Toutefois, les tests étaient menés dans des caissons hermétiques de petit volume, sans circulation d’air. Rien à voir avec une pièce de 20 m² aux fenêtres ouvertes de temps à autre. Dans un environnement domestique, les plantes sont bien incapables d’absorber les polluants en quantité suffisante pour améliorer sensiblement l’air ambiant.
Les chercheurs eux-mêmes ont reconnu depuis les limites de leurs travaux. Des études plus récentes montrent qu’il faudrait plusieurs centaines de plantes par pièce pour constater un réel effet dépolluant. Autant dire que votre ficus ne suffira pas à compenser les émanations de vos produits ménagers.
Le Chlorophytum comosum : le champion des plantes dépolluantes sur le papier, inutile dans les faits
Appelée aussi “plante araignée”, cette variété est souvent présentée comme une référence pour lutter contre la pollution intérieure. Elle absorbe effectivement certaines substances nocives… mais uniquement dans des conditions expérimentales très spécifiques. En appartement, son action est bien trop discrète pour faire la moindre différence. Elle reste cependant une plante résistante, facile d’entretien et agréable à regarder, ce qui justifie tout de même sa place sur les rebords de fenêtre.

Le Spathiphyllum ou fleur de lune : beauté surcotée
Avec ses grandes feuilles brillantes et ses fleurs élégantes, le Spathiphyllum wallisii est souvent associé à la purification de l’air. Il figure dans presque toutes les listes de “plantes dépolluantes”. Pourtant, aucune donnée sérieuse ne prouve qu’il ait une efficacité réelle dans une maison standard. Son entretien demande de l’attention, notamment en termes d’humidité, ce qui en fait un choix parfois délicat à long terme. Toutefois, elle est connue pour porter chance. À vous donc de peser le pour et le contre !
Le ficus : un faux ami
C’est l’une des plantes les plus courantes dans les intérieurs. Pourtant, le Ficus benjamina n’a aucune propriété avérée pour filtrer l’air. Pire encore, dans certaines conditions, il peut lui-même émettre des COV et provoquer des réactions allergiques. Son entretien demande en plus une certaine constance en lumière et humidité. Il est donc loin d’être aussi bénéfique qu’on pourrait le croire.
La Sansevieria : résistante, mais peu efficace
Aussi appelée “langue de belle-mère”, la Sansevieria trifasciata est plébiscitée pour sa robustesse. Elle tolère les oublis d’arrosage et les pièces peu lumineuses. Toutefois, son rôle dépolluant relève plus du mythe que de la réalité. Elle a surtout l’avantage de ne presque jamais mourir, ce qui en fait un choix populaire. Sur le plan de la qualité de l’air, son impact reste négligeable.

Le dragonnier (Dracaena fragrans) : l’illusion tropicale
Ce grand classique des salons offre un port graphique et un feuillage intéressant. On lui attribue des vertus purifiantes, notamment contre le xylène et le trichloréthylène. En vérité, son efficacité est théorique et ne se manifeste que dans des contextes très contrôlés. Il vaut mieux le considérer comme un élément de déco végétale, sans trop lui en demander.
L’areca : un palmier de salon sans effet purifiant
L’Areca (ou palmier d’intérieur) est souvent mentionné comme plante tropicale purifiante. Pourtant, comme ses homologues feuillus, il ne peut pas purifier l’air de manière significative dans une pièce classique. Il aime l’humidité, ce qui peut en revanche aider à réguler un air trop sec, mais cela ne signifie pas qu’il le nettoie.
L’Aloe vera : soin de peau, mais pas de l’air
Utilisé en cosmétique et pour les petites brûlures, l’Aloe vera est une plante précieuse… à condition de ne pas lui prêter des vertus qu’elle n’a pas. Son rôle dans la purification de l’air reste très limité. Elle ne produit que peu d’oxygène et ne neutralise pas les polluants majeurs présents dans nos maisons. Elle reste malgré tout très simple à cultiver en pot.

Mieux que les plantes dépolluantes : ce qui purifie vraiment l’air d’un logement
Plutôt que de compter sur des plantes pour respirer un air sain, mieux vaut aérer 10 minutes chaque jour, été comme hiver. Évitez les parfums d’intérieur, les bougies parfumées, l’encens ou les produits chimiques à usage quotidien. Privilégiez les matériaux sains et l’entretien régulier des filtres d’aération ou VMC. C’est là que se joue la vraie qualité de l’air intérieur, bien plus que dans un pot de fleur.